» « J'ai peur qu'il n'y ait rien à comprendre » Et ce n'est pas L'odeur de l'essence, le premier titre de l'album dévoilé mercredi, qui le contredira. Sur une très bonne prod de Skread (à l'image de toutes les chansons de l'album), Orelsan dresse un bilan plutôt amer de notre époque. Le rappeur y évoque pêle-mêle les problématiques écologiques, les échecs de « nos leaders », la montée des extrêmes ou encore les « débats stériles ». Cumulant plus de deux millions de vues sur YouTube en 24 heures, le clip met en exergue les paroles de la chanson. Il compile explosions, débâcles et reprend notamment des images d'une manifestation de gilets jaunes face à l'Arc de Triomphe. Un titre qui prend une autre dimension sur l'album, où il succède à Manifeste. Pendant plus de sept minutes, sans aucun refrain (un exercice qu'il maîtrise parfaitement), Orelsan raconte une manifestation de l'intérieur et l'évolution de son point de vue sur le sujet. « Je ne suis pas concernée par la société, je suis un putain d'artiste », lance-t-il en intro, avant d'avoir l'air de prendre conscience petit à petit de la colère qui gronde autour de lui.
On se rend compte, une nouvelle fois, que le thème abordé va être celui de l'enfance, puis de l'adolescence, des thèmes rarement abordés par le chanteur. Ce sentiment de douceur et de sécurité est conservé à nouveau. « Ce qui compte, c'est pas l'arrivée, mais la quête. » Il y a une rupture au moment de la troisième chanson, Du Propre, qui se rapproche de ce qu'on a l'habitude d'entendre. Comme un sentiment de se renvoyer constamment la balle, Du Propre, à un rythme rapide, avec des paroles moins personnelles, critiquant les rageux et leur avis sur les différents supports. « Rien peut m'ramener plus en arrière, Que l'odeur d'la pâte à modeler » Derrière l'ambiance, plus joyeuse et non sans rappeler le disco, de Bébéboa se cache un sujet grave et sensible: les ravages causés par l'alcoolisme. La voix d'Orelsan va être légèrement modifiée et on peut même y déceler quelques passages non sans faire penser à d'autre artistes français. Une ambiance, à nouveau, très différente ressort, montrant toute l'étendu et les capacités du chanteur.
C'est l'un des moments inspirants de Civilisation. La palme du texte suprême revient par contre à Baise le monde qui commence comme une chanson de brag-rap et qui revient toujours à la réalité des aboutissements de chacun des gestes. Je pensais jamais rentrer dans des soirées select Open bar, j'me sers un toast avec une grosse crevette Pêchée par un chalutier à l'est de Madagascar Qui détruit la barrière de corail sur son passage Qui fait que les pêcheurs ont plus de travail Ils ramènent rien aux villageois qu'ont plus rien à graille Vu qu'leurs crevettes sont devant moi Euh, pourquoi je pense à ça? C'est pas l'moment — Baise le monde Sa façon d'approcher la vie des gens nantis qui oublient d'où vient leur mode de vie est franchement intéressante. Le tout est fait avec une trame, signée Skread, qui suit ses changements d'humeurs. On retrouve aussi le duo de Casseurs Flowters sur Casseurs Flowters Infinity qui bien sûr est composé par Skread aussi. Ce n'est pas la seule collaboration, alors que les Neptunes rejoignent le rappeur sur l'efficace Dernier verre.